lundi 14 septembre 2009

Une journée typique dans la vie d'une villageoise burkinabè / A Typical Day in the Life of a Burkinabè Woman

Si une femme burkinabé nous racontait sa journée, voici ce qu'elle nous dirait :

Quand je me lève le matin vers 5h, la première chose que je fais est de balayer la cour, ramassant la poussière qui s'est accumulée pendant la nuit à l'extérieur de la maison. Il ne fait pas trop chaud à cette heure-là le matin, donc c'est une activité légère pour commencer la journée.

Pendant que je lave les assiettes qu'on a utilisées hier soir pour le dîner, ma mémoire me ramène en arrière et je me rappelle d'il y a plusieurs années quand nous allions nous coucher en ayant faim. Je pense aussi à la déception que j'ai ressentie quand les pluies ne sont pas venues. Tout le monde savait ce que cela voulait dire : la récolte échouerait, et nous serions obligés de lutter pour trouver assez de nourriture pour l'année.

Dans les années comme celles-là, nous partions à l'aube à la recherche de quelque chose que nous pouvions vendre sur le marché pour pouvoir subvenir aux besoins de nos familles. Je vois toujours les cicatrices des ampoules sur mes mains après avoir ramassé des branches, du sable et des pierres. La chose la plus difficile c'était de transporter ces choses au marché à vélo et parfois à pied; un des marchés est à une distance de 5 kms et l'autre à 15 kms. Quand nous rentrions le soir, nous étions fatiguées, nous avions faim et nous étions parfois déçues avec les résultats de la journée.

Alors que je chasse les pensées du passé, je pense à ma prochaine tâche : la recherche d'eau pour la journée. Très vite, les souvenirs de l'année reviennent. je me vois encore marcher pendant des kilomètres dans l'attente de trouver de l'eau potable. Sous la chaleur de la saison sèche, cette tâche semblait parfois impossible.

Cependant, je ne peux pas penser comme cela ou je n'arriverai pas à la fin de la journée. Maintenant, ADRA a réparé notre forage, qui était en panne depuis dix ans. Nous ne marchons que 100m pour pomper de l'eau pour la journée alors qu'il y a des femmes qui viennent d'une dizaine de kilomètres plus loin de notre village pour utiliser notre forage. Comme ces femmes, nous avons souffert pendant 10 ans sans un point d'eau local. Pendant que je retourne au forage, je suis reconnaissante pour les gens qui sont venus nous aider.

Je n'ai peut-être pas besoin de passer mon temps à chercher de l'eau mais je dois aller chercher du bois pour préparer le repas du soir. Cette tâche-là est difficile parce qu'il faut que je marche pendant des kilomètres pour en trouver. Néanmoins, la récompense est une activité journalière de fraternité entre femmes: on écrase le millet pour le repas du soir. Ce soir, comme tous les autres, j'irai avec les autres femmes du village au moulin le plus proche (à 6kms de chez moi) pour écraser les grains.

Le temps de faire tout ça, les rayons de soleil ont commencé à diminuer, et j'en suis reconnaissante parce que la chaleur du bois est déjà suffisamment chaude. Je prépare ma sauce avec les feuilles d'arbres du coin et demain j'espère que nous pourrons manger quelque chose de plus consistant. Depuis ce matin je me réjouis de manger ce repas et en mangeant, j'espère qu'il y en aura assez pour les enfants demain matin.

Maintenant que le soleil est presque couché, je dois me dépêcher pour laver mes 6 enfants avant qu'il fasse noir. Je réchauffe l'eau avec le même bois et je prépare les enfants pour aller se coucher. Le temps de faire cela, il est 20h. J'irai me coucher dans l'heure qui suit.

Je n'ai pas eu le temps aujourd'hui, mais demain j'espère faire du savon. Quelques femmes du village ont appris à en faire il y a plusieurs semaines avec des animateurs ADRA. Nous étions si contentes d'apprendre ce métier parce qu'ainsi nous ne serions pas obligées d'aller ramasser du bois, du sable et des pierres pour vendre sur le marché - nous pourrons mettre en pratique les compétences qu'on nous a apprises et vendre notre savon. Nous ne devrons plus passer des heures par jour, sous une chaleur fatigante, espérons que nous trouverons des choses à vendre et que nous arriverons au marché à temps.

Notre vie s'est beaucoup améliorée grâce à ADRA. Il y a moins de maladies dans notre village grâce à la latrine; les fosses fumières ont amélioré la récolte donc nous avons plus de nourriture et d'une meilleure qualité; je suis beaucoup moins fatiguée maintenant que je peux faire du savon à la maison et je ne suis pas obligée de marcher des kilomètres et des kilomètres pour chercher de l'eau. Grâce à ADRA, notre qualité de vie est meilleure. Grâce à ADRA, nous avons de l'espoir pour le futur.


If a Burkinabè woman were to explain a typical day, here is what she would say:

When I get up in the morning around 5 a.m., the first thing I do is sweep the ground, clearing away the dust that has accumulated overnight outside my home. It's not too hot at this time in the morning, so it's an easy way to start the day.

As I wash the plates we used last night for dinner, I remember back to a few years ago, when we would go to bed hungry. I think of the disappointment I felt when the rains didn't come. Everyone knew what this meant: the crops would fail, and we would have to struggle to find enough food for the year.

In years like this, we would leave at the crack of dawn in search of anything we could sell at the market in order to provide for our families. I can still see the scars of blisters on my hands after collecting branches, sand and stones. The most difficult thing was transporting these to the market by bike and sometimes on foot; one market is at a distance of 5 kms and another one is 15 kms away. When we got home at night we were tired, hungry and sometimes disappointed with our results for the day.

As I chase away these thoughts of the past, I think about my next task: fetching water for the day. Soon, the memories of last year return. I can see myself walking for kilometers on end in an attempt to find drinkable water. In the heat of the dry season, this sometimes seemed like an insurmountable task.

However, I can't think about that, or I won't make it through the day. Now, ADRA has repaired our bore hole, which has been out of use for 10 years. We only walk 100 m to get our water for the day whereas other women come to our village from up to 10 kms away in order to get water. Like these women, we have suffered for 10 years without a local source of water. As I walk back from the bore hole, I feel grateful to the people who have come to help us.

I may not have to spend as much time searching for water, but I still have to go searching for wood to cook the evening meal with. This is itself an arduous task as I have to walk many kms a day to find some. However, the reward is a daily communcal activity: grinding the millet for the evening meal. This evening, like every other evening, I will go with the women of the village to the nearest mill (6kms from home) to grind the seeds.

By this time, the sun's rays begin to relent, and for this I am thankful as the heat from the wood is hot enough. I prepare my sauce with leaves from nearby trees and hope that tomorrow we will be able to eat something more substantial. I have looked forward to the meal all day and as we eat it, I hope there will be enough for the children tomorrow morning.

Now that the sun has almost set, I must hurry to wash my 6 children before it gets too dark. I heat the water with the same wood and prepare the children for bed. By this time it is 8 o'clock. I will be heading to bed within the next hour.

I haven't had time today, but tomorrow I hope to make some soap. A few women of the village were taught how to make soap a few weeks ago by some ADRA trainers. We were so happy to learn because it means we don't have to collect wood, sand and stones anymore to sell on the market -- we can use the skills we have been taught and sell our soap on the market instead. We no longer have to spend hours a day, in the tiring heat of the day, hoping we will find enough things to sell and make it to the market on time.

Our life is much better now; there are fewer diseases in our village thanks to the latrines ADRA has given us; the compost pits are improving our crops which means we have more food and of better quality; I am much less tired now that I can make soap at home and I don't have to walk for miles on end to find water. Thanks to ADRA, our quality of life has improved. Thanks to ADRA, we have hope for the future.

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